Malgré les inquiétudes liées à la Dermatose Nodulaire Bovine, le Salon International de l’Agriculture ouvrira ses portes. Une tribune sur le vivant, la responsabilité et le dialogue.

Le Salon International de l’Agriculture aura bien lieu

Depuis plusieurs semaines, beaucoup de choses se disent. Dans les médias, dans le monde politique, dans les organisations professionnelles. Le contexte est lourd. L’épidémie de Dermatose Nodulaire Bovine inquiète et fragilise.

La question revient sans cesse : y aura-t-il des bovins au Salon International de l’Agriculture ? À ce stade, personne ne peut répondre de façon définitive. Prétendre le contraire serait irresponsable.

Mettre le vivant en avant, le mettre à l’honneur, le présenter, n’est jamais anodin. Ce n’est ni un décor ni un symbole. C’est une responsabilité. Et parfois, c’est toute une vie.

Le Salon ouvrira ses portes le 21 février prochain et les refermera le 1er mars. Quoi qu’il arrive.

Première certitude : quelles que soient les interrogations, nous respecterons strictement les consignes sanitaires et vétérinaires. Sans exception. Nous sommes trop conscients des risques pour nous aventurer dans des chemins non balisés. On ne joue pas avec le vivant. On ne joue pas avec le travail des éleveurs. Ils sont au coeur de l’ADN du Salon International de l’Agriculture.

C’est aussi dans cet esprit que nous travaillons à une opération de solidarité. Les mots comptent. Mais ils ne suffisent pas toujours.

L’agriculture ne va pas bien. L’élevage traverse une épreuve difficile avec la Dermatose Nodulaire Bovine. Le constat est dur, mais s’y arrêter serait une erreur.

Deuxième certitude : dans ce contexte, le Salon est nécessaire. Aujourd’hui plus que jamais.

Depuis plus de soixante ans, le Salon International de l’Agriculture existe pour expliquer, montrer, faire se rencontrer. Pour créer du lien entre celles et ceux qui font l’agriculture et la société.

Chaque année, des centaines de milliers de visiteurs s’y croisent. Des enfants, des familles, des citoyens, des professionnels, des élus.

Au Salon, le maraîcher nantais parle avec l’ingénieur du 92. Le vigneron de l’Aude échange avec l’architecte alsacien. Le céréalier beauceron discute avec une caissière parisienne. L’éleveur savoyard se fait interpeller par une grand-mère venue de Nice.

Ce n’est pas anecdotique. C’est essentiel.

Mais ne faisons pas du Salon un lieu de combat. Qu’il reste un espace de débats et d’échanges. Le Salon est un événement privé et indépendant.

Troisième certitude : l’avenir de l’agriculture ne se décrète pas. Il se construit. Il se transmet. Ce n’est pas un hasard si l’édition 2026 portera le thème « Générations Solutions ». Sans relève,
sans transmission, l’agriculture française changera de visage. Ce que nous voulons défendre, durablement, c’est une agriculture fière de ses métiers, profondément humaine.

Protéger notre agriculture est une nécessité. Mais protéger ne veut pas dire se fermer. Le Salon est aussi un lieu d’ouverture et de dialogue avec celles et ceux qui partagent le même respect pour les femmes et les hommes qui nous nourrissent.

Dans quelques semaines, plus de 12 000 acteurs feront vivre la plus grande ferme de France. Vous viendrez comme vous êtes. Vous repartirez avec un peu de ce que nous sommes.

Et surtout avec cette évidence : sans son agriculture, sans ses paysans, notre pays ne serait pas nourri de la même manière.

Du marché de Rungis à la table des grands chefs. Du supermarché à la cuisine familiale. Du circuit court au repas quotidien. Du conventionnel au bio.

Chacun a sa place. Mais une chose doit rester au centre : nos agriculteurs.

Jerôme Despey - Président du Salon International de l’agriculture